PATRICE GUENIFFEY
 Nivellement par le bas, reniement de notre identité, culte de la facilité… dans "Le Monde" du 27 avril dernier, cet historien directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales situe bien les griefs opportunément adressés à la réforme des collèges promise par Najat Airdutemps.

"Cette réforme est une nouvelle étape de la décomposition des programmes d’histoire engagée depuis une dizaine d’années. Le souci de la chronologie a presque disparu … Tout ce qui rappelle tant les racines chrétiennes de la France que le fait national se trouve passé sous silence."
 "Les thèmes qui entrent en résonance avec les préoccupations actuelles  – esclavage, génocides ou condition des femmes – obtiennent une place disproportionnée, mais en vérité il s’agit plutôt de morale que d’histoire …. Cerné par les groupes de pression, le ministère de l’Éducation nationale préfère écarter ce qui fâche, c’est à dire « le roman national »".
Sur l’ennui à l’école, pointé par la réforme :
 "On tend à occulter que le fait d’apprendre requiert un effort, repose sur une discipline et n’a, le plus souvent, rien de ludique. (…) Or on sait que les tablettes numériques font obstacle à toute acquisition d’un savoir quelconque".
Sur la doxa égalitaire :
"L’idéologie égalitariste joue aussi son rôle. Au sortir du collège, tous les enfants doivent avoir le même bagage, même mince, estiment les pédagogistes. (…) Les filières d’excellence qui subsistent – classes bilangues, classes de musique – sont au banc des accusés. On rabote ce qui est exigeant pour produire de l’égalité par le bas."
Sur la mise en veilleuse du latin, du grec, de l'étude des "Lumières" :
"Les humanités – langues anciennes, littérature, philosophe, histoire et arts – représentent le socle de la civilisation occidentale. Les enseigner, c'est former au beau et au noble. C'est aussi développer l'aptitude à juger, à saisir les nuances. Notre époque se gargarise du terme "République", mais ce type de réforme contribue à détruire ce qui en faisait le fondement."

MICHEL ONFRAY 


Démocratie, que de crimes on commet en ton nom ! Le moindre n’est pas la dénégation de toute réalité qui refuserait de s’incliner devant la vérité décrétée.
Vox populi oblige, la démocratie peut alors s’ériger en tyran.
En février 2015, France culture soulignait les contours de ce totalitarisme inavouable, via l’émission de Raphaël Enthoven disponible à http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4996831

La vérité des faits n’intéresse le peuple – et donc ses porte-voix, média ou hommes politiques – que dans la mesure où elle se conforme aux professions de foi d’un grand nombre. Seule est vraie une vérité populaire au sens de popularité. Les plus indulgents nomment cet errement "démagogie". Les plus lucides "tyrannie". En mars 2015 Le philosophe Michel Onfray chosit le lance-flammes pour répondre à ce "crétin de Manuel Valls", pris sur le fait de préférer le mensonge d’un ami à la vérité distillée par un adversaire.

CHRISTIANE TAUBIRA


"La meilleure prévention, c’est la sanction" pérorait sottement Nicolas Sarkozy.
La menace d'une sanction n'a guère d'effet sur la délinquance et la criminalité, leurs auteurs étant généralement persuadés de ne pas se faire prendre ! La seule prévention qui devrait valoir consisterait en l'éducation d'une part, la proposition d'activités valorisantes d'autre part.
La quasi unanimité des analystes, tous ancrages politiques confondus, souscrit à l'équation "prison = école du crime".
Enfin on sait - on devrait savoir - les juges de France parmi les plus répressifs d'Europe.
Tirant les leçons de ces données - et d'autres - le ministre de la justice a très courageusement et très lucidement porté une intelligente et mesurée loi "prévention de la récidive, individualisation des peines".
Contre tout bon sens, mais non sans calcul démagogique, elle s'est fait flinguer par une bonne partie du personnel politique *, mais aussi par nombre de chroniqueurs.

*  A la notable exception, à droite, du sénateur Jean-René Lecerf - mais il est vrai que, lui, travaille à fond la question.


JULIEN DRAY


L'ancien député socialiste de l'Essonne, déclare dans l'Express du 5 mars 2014 :  "La théorie du genre à l'école, c'est la conséquence de l'influence d'un féminisme qui s'est radicalisé. Najat [Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, NDLR], elle, est sur la ligne des féministes ultras américaines, qui sont en train d'émasculer les sexes !"
 http://www.atlantico.fr/pepitesvideo/emasculation-julien-dray-najat-vallaud-belkacem-lui-souhaite-prompt-retablissement-1004872.html#TEo5Vykde5URkuad.99
Ce socialiste a le courage de dénoncer un mode classique de fonctionnement par opposition.


CYRILLE DECHENOIX


Bravo à Cyrille Dechenoix ! Conseiller général UMP sortant à Asnières, il vient de se faire étendre dès le premier tout des "départementales" 2015. L’investiture UMP était finalement allée à un de ses (ex) amis, soutenu par le maire Manuel Aeschlimann. Dechenoix avait tout de même utilisé (légalement) le sigle UMP-UDI sur ses documents de campagne.
Pourquoi donc mériter nos félicitations ? Parce qu’il appelait, au lendemain de sa défaite, à voter… pour le Parti Socialiste et contre l'autre candidat soutenu par  l'UMP ! Cette souveraine absence de conviction souligne magistralement la faiblesse du système électoral actuel fer de lance de la démocratie contemporaine.


MANS ZELMERLOW

Qu’ont en commun Måns Zelmerlöw, Novak Djokovic et Felipe VI ? Ils parlent français. Un  français parfait pour le roi d’Espagne ;  un excellent français pour le premier – mais si mais si, vous le connaissez : ce suédois vient de remporter le concours de l’Anglovision (encore appelé Eurovision) ; un français plus laborieux pour le numéro 1 mondial de tennis – encore faut-il que nos journalistes-collabos l’interrogent dans notre langue et non directement en angloricain.
Profitons-en, cela ne durera pas. Puisque les « élites » françaises – suivies ou précédées par les masses – renient l’usage même de notre langue, on se demande bien pourquoi les étrangers se donneraient la peine de la pratiquer.
Accessoirement – mais non, il y a bien relation de cause à effet – le roi d’Espagne est venu dire à notre Assemblée Nationale « L’Europe a besoin de la France », de la France porteuse de valeurs universelles. La France késako ?



OLIVIER BIANCHI

Un original, Olivier Bianchi. Catholique pratiquant et socialiste, il faut oser ! Particulièrement dans ce bastion anti-chrétien qu’est l’agglomération clermontoise. Pire, il n’est pas franc-maçon et postule pourtant à la mairie de sa ville. Cerise sur le catho, il est élu l’an dernier maire de Clermont-Ferrand.
Persévérant dans l’originalité, il refuse le consensus pragmatico-mou de la dissuasion armée. Plus exactement, il refuse d’armer la police municipale.
Pour Olivier Bianchi, le maire (PS) de Clermont-Ferrand, mettre à disposition des policiers municipaux des armes à feu « n'a aucune utilité ».
Morceau choisi extrait du quotidien « La Montagne » du 23 janvier 2015 :
«Disposer d'armes à feux (sic) n'a pas d'utilité pour les policiers municipaux et cela pourrait même jouer en leur défaveur. Ils pourraient se mettre dans des situations plus dangereuses qu'aujourd'hui. Il faut d'ailleurs rappeler que les policiers nationaux sortent très rarement leur revolver. Et tout le monde aura remarqué que la policière municipale ( NDLR, Clarissa Jean-Philippe, le 8 janvier 2015) a été abattue de tirs reçus dans le dos : une arme à feu ne l'aurait protégée en rien. Les deux policiers nationaux assassinés étaient armés, mais ils sont morts quand même. C'est une erreur intellectuelle de penser qu'il faut s'équiper ainsi. Si chaque commune se met à armer ses policiers municipaux de la sorte, on revient au temps du western ! » Recueilli par Nicolas Faucon.